C'est certainement la chronique la plus indigeste mais aussi la plus ambitieuse. Car les deux albums dont je vous fais part, sont loin d'être d'un abord des plus faciles les oreilles les plus curieuses et avides de nouvelles sensations. Une nourriture de l'esprit pour moi (et certainement d'autres), un mauvais moment à passer pour d'autres. En un mois sont sortis deux ovnis, deux témoignages d'expérimentations sonores, de mélanges des genres, à coups de plage de plus de 20 minutes. D'un côté, le fameux label allemand de musique classique Grammophon qui sort "Recomposed: Music By Maurice Ravel & Modest Mussorgsky", fruit de la collaboration de deux maîtres Carl Craig, dieu de la techno de Detroit, et Moritz Von Oswald, figure incontournable de la techno minimal berlinoise, qui ont revu, réarrangé, réhabillé et parfois réinventé ces classiques classiques (!). De l'autre côté, le label d'Agoria, inFiné, qui sort une autre collaboration entre Moritz Von Oswald (encore lui) et l'un des pianistes les plus talentueux et les plus ouverts, l'espagnol Francesco Tristano. Sur "Auricle Bio On", le piano samplé en direct remplit l'espace sonore, accompagné de sons électroniques. Oscillateurs, démodulateurs et autres machines donnent ainsi l'écho au piano placé dans la boucle créatrice. Ces deux albums défrichent de nouveaux espaces sonores, abattant les frontières entre les genres. La fraîcheur de la musique produite peut surprendre mais quel plaisir d'entendre de la musique qui est bien loin d'être prévisible, programmée et formatée.
